Adoptez-moi au Cameroun: un véritable périple
L’adoption. Je n’étais pas sensée écrire dessus. Je pensais faire des mbenguetaires* mon quatre heure. Mais il y a plus important que les débâcles d’une génération perdue qui essaie de trouver une identité en oubliant les siens.
Je vais vous parler de l’adoption au Cameroun. Étymologiquement, bref on s’en fout des étymologies. Tu es stérile. Tu ne peux pas avoir d’enfants. Au delà des solutions comme mère porteuse en Afrique qui est, on va dire, pratiquée de manière peu orthodoxe, vous pouvez adopter. Mettons une halte, qu’est-ce que j’entends par peu orthodoxe. Nous avons quatre cas. Soit un membre de votre famille vous offre un enfant. Soit vous faites un arrangement avec une voisine. Soit vous laissez votre époux prendre une deuxième épouse et vous élevez ses enfants et acceptez de partager votre époux. Dans le cas, où c’est l’homme qui est stérile, l’homme épousera simplement une femme qui a déjà des enfants.

Depuis un bon bout, je m’intéresse à la question. Comment adopter au Cameroun ? Ce n’est pas si difficile. Techniquement, vous pouvez trouver un bout de chou à chérir. Mais de point de vue légal, tout se complique.
Que prévoit la loi ?
Je l’ai découverte par hasard. Je pensais que ce serait facile connaissant le caractère peu orthodoxe de la pratique au Cameroun. Assis en voiture, nous partons au boulot. La fréquence de RFI inonde la voiture. Arrêt sur l’actualité des bébés volés au Nigeria. Elle commence à s’indigner ma sœur (Ma sœur est avocate,ndlr). La législation est horrible à ce propos en Afrique. Tenez au Cameroun, la mère doit avoir près de 40 ans. Le père devrait avoir 45 ans. Et les deux devraient être mariés depuis plus de 10 ans. Lorsqu’on connaît la situation des couples en Afrique. Leurs spécialités ? Epouser leur fils avant l’épouse officielle. Ce sont les époux officieux. Ils vous mettent la pression comme si le fait que vous n’ayez pas un enfant, n’est pas plus pénible pour vous.
En consultant le Code civil de 1956 (art. 343 à 370), le Code de l’organisation judiciaire du 31 mai 1977 et l’Ordonnance du 29 juin 1981 portant organisation de l’état civil (art.42), je me rends compte effectivement que c’est ca .Grosso modo :
« Pour adopter un enfant, le demandeur doit être âgé d’au moins quarante ans.
S’il s’agit d’un couple, il doit compter dix ans de mariage et l’un des conjoints doit être âgé de plus de trente-cinq ans. »
Qui peut adopter ?

- L’adoption peut être demandée conjointement par deux époux non séparés de corps et mariés depuis plus de 10 ans, dont l’un au moins est âgé de plus de 35 ans. Il est bon de se repeter pour marquer l’absurdité de cette loi.
- L’adoption peut également être demandée par une personne de l’un ou l’autre sexe âgée de plus de 40 ans.
- Les candidats doivent avoir 15 ans de plus que l’adopté.
- La présence d’enfants biologiques au foyer des candidats fait obstacle à l’adoption au Cameroun. Ceci ne concerne pas les enfants déjà adoptés par les candidats à l’adoption.
Comment adopter ?
Au Cameroun, il existe deux types d’adoption reconnus par le Code civil: l’adoption simple et l’adoption plénière. La première permet à l’enfant de garder des liens avec la famille. Tandis que la seconde est le contraire.
Dans l’article 368, le code civil camerounais stipule que tous les enfants susceptibles d’être adoptés doivent être
«âgés de moins de cinq (05) ans et abandonnés par les parents, ou dont ceux-ci sont inconnus ou décédés»
La liste interminable
Dans le cas d’une adoption plénière, le postulant doit prendre attache avec la famille de l’enfant à adopter. Il doit produire :
- une demande timbrée,
- Un extrait de casier judiciaire,
- Un extrait de l’acte de naissance ou la copie conforme de sa carte nationale d’identité,
- Un certificat médical attestant,
- Le bulletin de salaire ou la justification d’un revenu stable,
- L’acte de mariage (pour les mariés);
- L’engagement d’un tiers qui pourrait suppléer l’adoptant célibataire,
- Un certificat de stérilité accompagné d’une copie certifiée conforme du dossier médical du postulant, un rapport d’enquête sociale avec avis motivé,
- L’agrément à l’adoption délivré dans le pays de résidence (cas des personnes vivant à l’étranger),
- Un certificat de domicile.
Le dossier ainsi constitué est déposé dans les services du ministère des Affaires sociales. Lequel l’apprécie et décide, soit du rejet, soit de l’inscription du candidat dans LE FICHIER, LE SESAME des familles agrées à l’adoption.
Hum, comprend mieux pourquoi l’adoption « peu orthodoxe » est pratiquée. Et pourtant, l’offre d’un bout de chou croule dans des orphelinats. Bref ! Horriblement outrée, j’espère que mon indignation s’est ressenti.
Allez son’a ponda !
mbenguetaires* = Diapora
Commentaires