Le fonctionnaire du Cameroun

Le service public. Il y a cinq ans, je rêvais d’y être embauchée. Moi et mes rêves qui s’étiolent au rythme cardiaque d’un asthmatique en pleine crise… lol ! J’étais moulée dans cette espèce de déterminisme social : tes parents l’ont été ? Tu le seras *Me pointant du doigt, pour me rappeler mon devoir*. Vous l’avez certainement deviné aujourd’hui, je vous parle du service public. Etre fonctionnaire, c’est quand même sympa. Des heures souples, pas d’obligation d’être présent. Et pourtant… Vendredi soir, rentrant du boulot, je suis tombée sur un fonctionnaire dans un taxi. Il est dans l’administration publique depuis 30 ans. Je ne saurais vous expliquer comment on est arrivé à cette discussion. Alors je vous le laisse. Les embouteillages ayant contribué fortement à ce récit, ce ne sont pas mes mots, ce sont les siens.
La profession de foi du fonctionnaire
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas au Cameroun ? Pourquoi tout est à l’air anormal ? Pourquoi des pratiques « absurdes » dans le service public? Alors perché sur ses 50 ans dont je m’imaginais bien évidemment l’âge, il me répondait avec un calme : les mesures d’accompagnement de la loi portant sur le statut du fonctionnaire n’ont pas été suivies. Si, je me souviens, le fonctionnaire était un individu respectable. La faute à la décentralisation ? Je ne saurais le dire. Je ne fustige pas le gouvernement pour cette décision. A sa place, j’aurais fait pareil. Mais une chose demeure, elle concourt à toutes les dérives du système public: corruption, détournement de fonds publics, amalgame entre biens de l’Etat et d’autrui, etc.
L’aménagement des heures de travail
En un, la journée continue : elle consiste à donner la latitude aux fonctionnaires de faire autre chose que leur boulot. Ainsi, ils n’auront pas de mal à arrondir leur fin de mois, compte tenu de la révision à la baisse des salaires. Tout ceci a corrompu le système. Tout ceci a donné du pouvoir à ceux qui n’en avaient pas.
La corruption
En deux : le Camerounais étant ingénieux, a développé au lieu du sens de l’entreprenariat, une manière de profiter du système. Il a développé l’attribution des marchés publics en incluant ses majorations. Il a sa part sur ça comme on aime le dire.
En trois : il a développé le vide, pour qu’on lui propose de l’argent contre son travail. Comme à l’usine, l’administration travaille à la chaine, ma fille. Si un maillon manque, le reste est bloqué. Ils l’ont bien compris, mes collègues. Alors, il s’absente de la chaine. Il crée un besoin, un besoin qu’on est obligé de rémunérer parce qu’on n’a pas le choix. L’absentéisme n’est pas un problème qu’on peut combattre, mais une manière de se faire de l’argent. Et puis quoi ? Le salaire passe. Le pays est à l’image de son peuple et c’est bien dommage dit-il, en claquant la portière et s’en allant avec un calme qui me sidéra. Il est arrivé à sa destination. Et je restai bouche bée.
Allez, Son’a ponda
Commentaires