Bordel, cette foutue oralité!

Ce billet, je l’ai pas prémédité. C’est une longue série de ceux que je ne publie jamais. Il y a longtemps que je blogue? Non, je ne pense pas. Mais cette activité me permet de masquer mes envies, de me planquer envers et contre tous. Je ne suis pas parano. Oh! Mais lorsque vous vivez dans un pays (dans une ville que dis-je) aux noms de quartier bizarre. Je vous assure, il y a de quoi.
Il est 19h45. Et comme d’habitude la moto qui vient me chercher du bureau pour me ramèner à la maison est encore en retard. Bref, je me pose plus la question. J’attends tout juste. Ses excuses, bref, ses histoires de pneus (hahahahaha), je vous en dispense. Se pliant en quatre en s’excusant, je ne fais plus attention. Regard instant, il ne démarre pas et attends mon sourire permettant de surseoir sa culpabilité. Et je ne fais pas prier. En enfourchant la moto, une dame en nous sifflant (après une course presque d’une minute), nous hèle toute essoufflée: « Bépanda cassemando ». Mon « zen de chauffeur » lui fait sentir qu’il n’est pas de service. Et nous continuâmes le trajet. Cependant, mon cerveau reste bloqué sur ce nom de quartier.
Bépanda est un de ces quartiers aux ramifications importantes. Ne hélez jamais un taxi sans préciser lequel des « bépanda ». »Bépanda cassemando? » Pourquoi cassemando, le nom d’une école, maugrée le chauffeur. Alors se déferle ma curiosité. « Bépanda borne fontaine? » Parce qu’il y avait une bonne fontaine à l’epoque. Ah! « Bépanda sans calençon », parce que monsieur a battu sur sa femme et l’a déshabillée. « Bépenda double balle » parce que deux coups de feu fut tirés à cet endroit. « Bepanda tandon »? Parce qu’on y vends de la viande de bœuf. HIHIHI. Je suis éberluée.
Alors en parcourant la ville cette nuit, je ne peux m’empêcher de remarquer que la ville ne comporte pas de plaques de rue. Faux, elle en contient véritablement. C’est vrai qu’il faisait nuit aussi. L’outil pratique, Foursquare ou google Maps. Je suis rentrée et j’ai sauté sur l’ordi de libre que j’ai trouvé. C’est fou quand même de voir à quel point la technologie nous informe sur ce qui devrait être. Alors, le lendemain, je me suis mise à regarder moins le sol et les gens, les yeux rivés sur les bâtiments. Chose curieuse, c’est sur ces bâtisses construites sous l’occupation allemande que sont collés ces écriteaux. Plutôt curieux. Ils existent vraiment. Fallait juste que je me courbe un peu plus. Je me penche sur le coté. Que je repère à moins de 10 km une plaque cachée sous l’enseigne d’un écriteau à vendre, ou sous les annonces immobilières écrites sur les murs de la ville. Parfois, je devais avoir les pouvoirs de spiderman. Il existe un boulevard de la république, je le savais pas ça. Oh! Rue kassalafam, rue bessengue, avenue Japoma. Si si si si c’est vrai, je ne savais pas ça.
Douala compte près 120 quartiers répartis en 6 arrondissements. La ville s’est imposée comme capitale économique du pays par son port qui a permis le développement de près de 80 % de l’activité industrielle du Cameroun. À lui seul, le port draine plus de 95 % du trafic portuaire du pays, par conséquent, une immigration conséquente. Les zones d’habitats se créent ça et là. Les noms appartiennent à l’histoire de cet endroit. Tenez « logbaba jardin » , le plan d’urbanisation ne connait que celui de logbaba. Mais pour spécifier les entrées, on y a ajouté logbaba « jardin ». Parce qu’à cet endroit, il fut un jardin d’enfants. C’est le retour à l’oralité. Je vais finir par croire que la colonisation n’a jamais eu raison de nous. Tout est fait en termes d’historique, d’histoire racontée. Les choix de noms de rue, de quartiers, de personnes, de choses.
Tenez par exemple, le termes « baba ». Au Cameroun, ce terme est un adjectif qualificatif décrivant le caractère faux d’un objet ou d’une personne. Il vient d’où, il vient du terme « babaguida ». Ce même termevient d’où? Dieu seul sait. Encore cette histoire d’oralité. Je me demande si un jour, on parviendrait à coucher sur du papier le pourquoi de certaines choses.
Allez touriste, bien vouloir contacter l’application camerounaise Foursquare, le benskimen (Les chauffeurs de moto-taxis)! Quoi? C’est vrai oh!
Allez,
Son’a ponda! (A bientôt)
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