La fois où j’ai décidé d’être moins camerounaise

Article : La fois où j’ai décidé d’être moins camerounaise
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21 juin 2016

La fois où j’ai décidé d’être moins camerounaise

Il est 8h du matin, lorsque je peine à me réveiller comme à l’accoutumé. Je suis pire qu’une marmotte ces jours-ci.

Et pourtant, je ne le devrais pas.

Pirouette sur le lit et je me retrouve à genoux à son pied. Bon en vérité, c’est plutôt un roulé-boulé, atterrissage sur les genoux. Là, je tombe sur l’effigie de mon Président de la République. Mon voisin en est amoureux. Je l’entrevois chaque fois de ma fenêtre. Sa photo d’antan, sa photo de jeunesse me mets hors de moi. Je clame un juron indescriptible par moi-même. J’en ai pas conscience. Je suis à moitié endormie. Comme si sa jeunesse, ou son immortalité me narguait ? Quoi ? Hihi !

Je traîne mes pantoufles hors de ma chambre, sans les porter, comme si elles avaient demandé à l’être. J’entre dans la salle de bain. Après une bonne pression  sur ma peau, mon gel douche décide de faire le malin. Zut ! J’en ai plus. J’ai juré ! Bon en vérité, j’ai plutôt dit : « Mouf, Danielle t’es forte ! » Quoi ? Ne soyez pas choqués ! Au Cameroun, les jurons sont comme des signes d’amour. Il y a milles façons d’aimer, haïr avec un seul juron !

Les jurons d’amour et de haine…

Chez nous, lorsque quelqu’un vous dit:

  1. « Mouf, t’es belle »
  2. Ah quitte là, tu donnes !
  3. Imbéciiiiiiiiiile! ça, c’est la go
  4. Assssssssh ! Tais-toi ! Tais-toi ! Regarde solement!

Il vous aime plus que tout. Tout réside dans l’intonation. Par contre les jurons de haine, sont bizarres. Ils sont suivis d’une question rhétorique. Nous ne sommes pas très crus. Oui, oui!!!

Parlant de quelqu’un sans vouloir l’offusquer, il est présent dans la pièce. Quoi ? Hihihi

  1. Boss, toi-même tu vois comment ?
  2. Est-ce que c’est facile ?
  3. Que toi-même, quand tu le regardes, tu trouves comment ? Toi hein ? N’appuie pas sur : dérangez !
  4. Prends dans ma bouche ! Quitte sur moi !

En bonne camerounaise, il était important que je plante le décor. Nous ? Vous l’avez lu haut ? C’est nous !

La fois où, j’ai décidé d’être moins camerounaise

Les heures défilent. Mon corps et moi, nous ne sommes pas très complices aujourd’hui. Il est 12h lorsque je continue de le traîner ! Je lève la tête et je me retrouve devant une de ses boutiques, tu te dis : Mouf, j’entrerais un jour. Mouf, je suis entrée. Les articles sont super intéressants. Les prix bizarrement ne font pas leur difficile. Je tombe sur une de ces robes. Assssh, mouf ! Ok ! Je me comporte. Les jurons, poubelle ! Une discussion s’installe entre la vendeuse et moi. Elle est difficile. On peut l’avoir moins que ça, je suis sûre. Je suis tellement dans la discussion, que la maladresse prend le dessus. Je tiens la robe dans la main. J’essaye de parlementer. Je lève la robe pour chercher les défauts:

Moi: D’abord, c’est une petite taille. Vous trouverez une dame d’un mètre 42 qui va la porter ?

La vendeuse me sourit en répondant : les femmes de petites tailles, il y en a partout en riant

Moi: Comme moi ? Regarde comment elle me moule, un genre hihihi

La vendeuse éclate de rire. Je lève les yeux en signe de : hé tes d’accord là ! Hihi. Là, à ce moment précis, mon cerveau a complètement oublié de contrôler ma main en même temps. J’ai levé la robe. Dans ma tête, le ralenti se joue encore en boucle. Ma main est tombée sur une étagère. Elle a basculé. Et là, vous vous rappelez du roulé-boulé du matin, jusqu’aux pieds du lit ? Ça a fait pareil. Ma main est devenue une boule de bowling. J’ai mis à terre une étagère, une deuxième. Je suis restée là, pétrifiée. Mon cerveau me disait : bouge Danye ! Mon corps n’en faisait qu’à sa tête hein ? L’effet bowling s’est arrêté à la cinquième étagère.  J’ai senti cette petite brise soufflée. Cette brise vous savez, où vous devenez subitement un fervent croyant : Djizous ! J’ai soufflé. Le souffle a atterri sur la sixième étagère, jusqu’à la onzième. Genoux à terre, nous nous sommes retrouvés à ranger les étagères. Il va s’en dire, que la robe je ne la voulais plus. En la contemplant, une cliente s’est approchée:

La cliente : Asssssssh ! Mouf c’est combien?

La vendeuse: 20.000 fcfa

La cliente: Mouf hein ? 15.000 fcfa

La vendeuse: ok

Ekie, ekie ekie ! hé hé! j’ai, j’ai…

Morale de l’histoire? Toujours porter un pantalon. Pourquoi? Vous n’aurez pas à vouloir une autre robe. Lol ! Quoi ? Venez prendre dans ma bouche, hihihi!

 

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Commentaires

Anna S. Kedi
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Tu es totalement barrée Dan!!!! loooool