Mon speed dating à la camerounaise

13 août 2014

Mon speed dating à la camerounaise

J’ai la grippe. Je suis grippée. Je sais ceci n’est pas une information. Mais dans le récit qui va suivre, vous comprendriez pourquoi…  Nous sommes en saison des pluies. Les tierces, les secondes, les heures, les jours sont rythmés par dame pluie. Elle rythme aussi bien notre temps, qu’elle rythme aussi bien nos vies, nos humeurs et très souvent nos appétits sexuels. Quoi ? Tout le monde a dix-huit ans sur mon blog. 🙂 Je ne suis pas une frileuse. Bon je râle de temps en temps. Bon je râle tout le temps. Je trouve ça parfois lassant d’en parler. Mais que voulez-vous, j’aime bien gaspiller les lignes lorsque j’écris. Je sais. Vous vous dites où elle veut en venir. Patientez ! Vous zapperez dans les lignes qui suivent. Je ne serais pas longue.

A l’usine…

Depuis que je suis revenue au régime de l’usine, entrée boulot 8 h-sortie 18 h, les lieux où je passe le plus clair de mon temps, sont les taxis. Parfois, j’ai l’impression d’assister à un speed dating « Grandé ».

@Streetutopia
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Chacun souhaitant se prévaloir d’une analyse sans équivoque et  argumentant quoiqu’il en coûte… Le prétexte ? L’actualité camerounaise. Le maître de cérémonie ? Notre  hôte ? Et éventuellement notre maître priseur, la radio. Elle effeuille l’actualité et suscite des débats. Il est 7 h 15 du matin et j’ai encore le cerveau endormi. Je suis à peine le journal qui choisit l’actualité suivant les sujets qui feront le buzz. Faudrait nous écouter, lance un monsieur dans le taxi, nous sommes l’homme de la rue. Je suis un peu perplexe. J’assistais à mon premier speed dating sans le savoir. De quoi, il parle ? Notre premier candidat vient de s’installer sur le divan: Boko haram. « Boko haram, continue le monsieur, n’existe pas au Cameroun. Comment peuvent-ils traverser nos frontières. Elles sont fermées. » Une dame relance : « En plus, la police camerounaise dont on connait la performance. C’est un complot ! Il faut déstabiliser le pays. » Le mot est lancé. Ce sont les Français, argumente un autre. Cette histoire d’islamistes est liée à une tentative de déstabilisation du pays. Personne n’est dupe. Ils ont fait pareil en Libye. Ils ont payé la rébellion. Boko haram est un prétexte. N’y a pas de Boko Haram sauf des Français qui voudraient qu’on change de président. Un président qui sera plus conciliant avec eux dans l’octroi des marchés publics. La Françafrique n’est jamais finie au fond. On devrait écouter l’homme de la rue, scandent-ils en cœur.

Je suis grippée…

Mon deuxième speed dating me pousse à écrire ce billet. Mes allures de petite fille sont causes de nombreux avantages. Quoi ? La galanterie existe au Cameroun du moins camouflée dans le sentiment paternaliste que les hommes laissent entrevoir de temps à temps. Alors, je suis prise en sandwich entre deux hommes et une dame à l’avant qui partage le siège traître de la cabine avec un autre jeune homme. Nous roulons et notre maître d’hôte ne tarde pas à lancer un sujet : Ebola. Le communiqué du ministre de la Santé publique à cet effet inonde la voiture. Je suis presque sûr que mon deuxième speed dating aura lieu dans pas longtemps. Il ne sait pas fait attendre longtemps. Depuis le 8 août 2014, une information dont l’authenticité n’est pas établie circule sur les réseaux sociaux et sur les téléphones mobiles via SMS. Elle fait état de la découverte d’un cas soit à Bamenda, soit à Mamfe, soit à Douala, ou à Kousséri.

En préparation à une éventuelle émergence d’Ebola, André Mama Fouda rassure qu’un plan a déjà été élaboré avec des partenaires : l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avec une surveillance renforcée dans tous les districts de santé frontaliers et les aéroports. En dehors de la République démocratique du Congo (RDC), qui a mis à la disposition du Cameroun deux « kits Ebola » comportant une centaine de tenues de protection pour le personnel médical, le ministre de la Santé a annoncé le renforcement en termes d’acquisition de matériels de prise en charge des patients et de protection des personnels sanitaires.

M. Mama Fouda  affirme que seuls les cas de 1609 cas de choléra avec 74 décès au 6 août dernier, ainsi que 5 cas poliovirus sauvage depuis le début de l’année en cours sont enregistrés comme alertes de santé publique.

Pour soigner Ebola, Il faut consommer la kola dite « bitter cola » et l’oignon conseille le plus âgé du taxi. C’est une petite maladie. On soigne ça au village. En plus, continue la dame de la cabine le célèbre pasteur pentecôtiste Tsala Essomba affirme pourvoir le guérir. On dit qu’elle est où la maladie? demande le chauffeur. Les passagers répondant en cœur au Nigeriajettent un froid dans la petite voiture. La curiosité du chauffeur réoriente la conversation vers les symptômes. On parle de fièvres ressemblant étrangement à la grippe. Alors j’éternue une fois.  Il faut éviter tous contacts non protégés avec les malades. On dirait sida, blague le jeune homme de la cabine. Le taxi rit aux éclats. Et j’éternue la deuxième fois. Le jeune homme dans sa continuité lance : « C’est Ebola ou quoi ? » Ham, la psychose s’est bien installée sur le fauteuil du speed dating ,mais personne n’a voulu converser avec lui.

Les conseils pratiques : éviter de manger la viande de brousse; lavez-vous les mains fréquemment; éviter de tomber dans la psychose.

Allez,

Son’a ponda !

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