ICI GIT UN HOMME…
Il est 8h45 du matin. Comme d’hab, je suis en retard au boulot. J’emprunte une moto. Le vent fouette mon visage et mets en pétard ma coiffure. C’est sûre, je vais me faire engueuler ce matin…En pensant à ma future rixe et mes futures mensonges…Une scène me sort de ma doucereuse oppression. Un regroupement? Ah! A tous les coups, C’est encore une marchande du sexe qui ne s’est pas fait payer … A l’approche de la scène, je le découvre cet Homme Brulé.
C’est un voleur! scande la population, il le mérite! C’est Normal! Il nous tue, nous vole, nous viole. C’est Normal!
Qu’est ce qui est normal? Je me le demande: Bruler un homme vivant? Son corps calciné est étendu sur la chaussée. Seul son pied rescapé du feu, nous rappelle qu’ici gisait un être humain. La population est prise entre un sentiment de frayeur et d’enthousiasme éphémères. Et si c’était mon fils… le visage d’une mère à la recherche de son fils se trahit.
Une femme, en tenant fermement son fils, crie: même ces histoires de Pédés là! Ils ne sont pas normaux! Ils me polluent la société à se pavaner avec leur féminité forcée…
Le débat sur la normalité prend des élans de jouxtes populaires.
En continuant le chemin à pied, mon visage parcourt les autres visages aussi défaits les uns que les autres: Méritait-il cette sanction?
Cette scène ne me quitte pas . Ce qui n’arrange pas les choses, mes collègues l’ont tous vus. Ils crient:
La justice populaire, c’est bien! Ils nous dépouillent , nous torturent en infligeant des sévices sexuelles et physiques (repasser les corps)
Et puis la police est corrompue. Il sortiront demain…et viendront nous narguer au quartier
C’est normal! Il est mort et alors? Un de moins… c’est toujours ça de gagner..
Je sais pas trop comment la conversation à virer sur la normalité et celui du poids de la société. Mais les vices les plus profonds doivent être réprimées, tuées à la rigueur.
Pourquoi je ne suis pas en colère? Mon propre frère a été assassiné par des voleurs qui en voulaient à son argent et qu’ils l’ont tué pour s’amuser. Mais cette scène me rappelait celle de mon frère. Elle aurait dû me réjouir …Pourquoi non? La Vengeance vaut elle la peine? Une vie vaut elle celle d’une autre?
Allez,
Son’a Ponda!
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